Message de Noël de l’évêque du Havre
Les mots sont simples, le récit est sobre, mais ils nous disent pourtant le message surprenant de Noël : Dieu s’intéresse à notre terre, il vient l’habiter pour dire aux hommes ce que vivre en humain signifie. Le signe donné est fort dans sa fragilité. Celui qui sauve l’humanité et réoriente notre histoire vers un horizon de justice, de paix et de fraternité, déconcerte car il apparaît sous les traits d’un nouveau-né et non comme un adulte tout accompli. Il ne naît pas dans un palais parmi les puissants, mais dans une mangeoire pour animaux, au sein d’une famille de déplacés.
Dieu se montre fragile, non par démagogie, mais parce qu’il est vraiment ce qu’il manifeste : un Dieu que son amour et sa proximité rendent faible et vulnérable. Cela nous conduit à penser, à parler de Dieu et agir autrement en son nom.
L’enfant de Bethléem nous ouvre un chemin d’humanité dans la sobriété et le partage. Noël rappelle que la vraie joie ne vient pas de la possession de quantité de biens de consommation, mais d’une authentique fraternité vécue dans le partage et la solidarité. Les personnes engagées dans le mouvement des gilets jaunes l’attestent : ils reconnaissent avoir créé des liens forts. Et le désir d’entretenir ces relations pour construire du positif et transformer la vie sociale, témoigne de ce qui travaille le profond du cœur humain.
Chrétiens, nous sommes les témoins émerveillés d’un Dieu qui s’intéresse à la vie des hommes. Il tourne sans cesse notre regard vers eux, et en priorité vers la personne fragile, malade, handicapée, demandeur d’emploi, blessée de l’amour, réfugiée… tous ceux et celles qu’on relègue aux marges de notre société et que notre monde ne veut pas voir.
Le souci des plus fragiles dont Jésus s’est fait proche par sa naissance et toute sa vie, nous interpelle aussi pour créer les conditions durables du respect de tous, de la justice et de l’équité. La pensée sociale de l’Eglise fournit de précieux repères pour nous engager dans les dialogues citoyens qui s’ouvrent. Il nous faut prendre part avec d’autres, aux recherches de formes renouvelées de la démocratie, d’une économie davantage inclusive et d’une écologie intégrale qui appelle de nouveaux modes de vie. Il nous faut entendre à la fois, la clameur des pauvres qu’on rejette, et la clameur de la terre qui continue de souffrir des atermoiements face aux décisions à adopter pour une nécessaire et urgente transition écologique.
Noël n’est pas seulement un moment de fête éphémère, mais un appel à manifester notre foi en un Dieu qui, en Jésus-Christ, prend résolument le parti de l’humain et nous engage à vivre dans la sobriété et le partage avec tous, en France, en Europe et dans le monde entier.
Avec les catholiques du diocèse du Havre, nous vous souhaitons une joyeuse fête de Noël.
+ Jean-Luc BRUNIN
Évêque du Havre
