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Tout ne se vaut pas ! – Déclaration du Conseil diocésain du Peuple de Dieu (juin 2024)

samedi 22 juin 2024Zoom sur
Discerner pour voter de façon éclairée par l’Evangile

Il est peu de dire que bon nombre de nos concitoyens connaissent un profond désarroi dans la situation incertaine du politique dans notre pays. L’Eglise ne peut se soustraire à sa responsabilité d’intervenir en ce domaine. Mais la question se pose : comment la communauté catholique peut-elle intervenir dans les débats de société pour que l’Evangile retentisse comme un appel à des choix et des pratiques sociales offrant un lieu d’émergence du Royaume inauguré par le Christ ?

Le Conseil diocésain du Peuple de Dieu qui réunit des catholiques représentant la diversité des territoires et des engagements en Eglise, a conduit sa réflexion à partir de ce que nous disait le pape Benoît XVI : « l’Église ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Elle ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’État. Mais elle ne peut ni ne doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice. Elle doit s’insérer en elle par la voie de l’argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s’affirmer ni se développer » (Benoit XVI, Deus caritas est, n°28)

Les échéances électorales qui s’approchent, nous requièrent à poser un acte citoyen et responsable. Personne ne peut s’abstenir d’exprimer son choix par un vote qui relève de notre devoir d’état. Ce texte que vous adressent les membres du Conseil diocésain ne prétend pas donner une consigne de vote, mais offrir aux électeurs, catholiques, croyants d’autres traditions ou non-croyants, des éléments objectifs permettant à chacun de faire son choix en examinant les programmes présentés à nos suffrages. Ces éléments ne viennent pas d’une idéologie partisane ou d’une posture unilatéralement confessionnelle. Nous les recevons de la tradition chrétienne, notamment de la pensée sociale de notre Eglise.

+ Jean-Luc BRUNIN, évêque du Havre

 

Pour nous déterminer en vue du vote, tout ne se vaut pas !

 

« Tout ne se vaut pas » et le discernement en vue de notre choix électoral est nécessaire pour éviter que notre pays ne s’engage dans des impasses et des temps de turbulence dangereuse. Dans leur réflexion, les membres du Conseil Diocésain du Peuple de Dieu [CDPD] ont retenu quelques points de repère venant de leur attachement au message du Christ. Ils ont souhaité les partager largement afin de susciter des prises de conscience et de prendre des initiatives pour engager le débat entre eux et avec les personnes de leur entourage

  1. Repérons-nous dans le programme qui nous est proposé, des propositions de nature à apaiser la vie sociale et politique afin de rendre possible les conditions d’un dialogue respectueux des autres et d’un débat pour rechercher des solutions les plus justes, porteuses d’une vision du bien commun, transcendant les opinions partisanes et intégrant le souci de tous nos concitoyens, sans exclusion ?
  2. La recherche d’une majorité pour gouverner notre pays, essentielle pour vivre en démocratie, réclame ouverture, dépassement de soi et co-construction de visions communes. Dans une telle recherche où chacun porte sa vision particulière, l’autre cesse alors d’être un adversaire à disqualifier de façon systématique. La seule confrontation dans le refus du compromis peut tuer la démocratie.
  3. Trouvons-nous dans le programme proposé par les candidats, des promesses crédibles et réalistes qui tiennent compte des nécessaires équilibres économiques ?
  4. Les mesures proposées sont-elles porteuses d’un souci d’ouverture, de justice sociale et de bienveillance à l’égard de toutes les populations qui partagent le même espace social, particulièrement les plus fragiles et les plus démunies ?
  5. La politique est noble et juste lorsqu’elle s’attache à créer du lien social pour avancer ensemble sur des projets qui intègrent les différences avec le souci de ne laisser personne, d’où qu’il vienne, sur le bord du chemin. 
  6. Trouvons-nous dans les propositions des candidats, la volonté de promouvoir le respect et la qualité de la vie de la personne humaine, de sa conception à l’accompagnement jusqu’à la fin de son existence terrestre ?
  7. Le programme proposé à nos suffrages porte-t-il clairement le souci de travailler à la réduction des inégalités sociales et à l’intégration de tous les citoyens, y compris ceux qui sont venus d’autres horizons géographiques et culturels ?
  8. Les propositions des candidats sont-elles marquées par le souci de la nécessaire transition écologique pour que notre société progresse dans l’écoute de la « clameur de la terre » qu’on malmène et la clameur des pauvres, victimes du dérèglement climatique et de la dégradation de leur environnement ?
  9. Trouvons-nous, contre toute posture de repli, une réelle prise en compte de la situation internationale en pleine évolution, avec une ferme volonté d’œuvrer concrètement pour la paix par la rencontre, le dialogue et la coopération solidaire entre les nations et les peuples ?
  10. Est-ce que les politiques proposées respectent bien le principe de subsidiarité qui conjure tout risque de séparatisme social ? La subsidiarité, principe essentiel dans la pensée sociale de l’Eglise, n’étant pas le renvoi de chacun à ses propres forces, mais la promotion de son pouvoir d’agir avec d’autres, dans tous les domaines qui le concernent.

Voici quelques repères qui doivent pouvoir être pris en compte pour déterminer notre vote. Il s’agit de discerner de façon rationnelle et éclairée, dans la positivité plutôt que dans la critique négative, la peur ou le désespoir. Osons engager le dialogue avec nos frères et sœurs dans nos communautés chrétiennes, mais aussi avec tous ceux et celles qui sont nos compagnons du quotidien.

Les membres du Conseil diocésain du Peuple de Dieu – 15 juin 2024